La dépression: une maladie de la vie Famille sens dessus

Quand elle survient, elle ne prévient pas : dans laprès-coup dun choc affectif et émotionnel, le départ dun enfant, la perte dun travail, une séparation, la disparition dun être cher, une maladie brutale, etc., ou bien plus insidieusement la prise de conscience du temps qui passe, dun avenir sombre, la reconnaissance du tragique de lexistence. Alors, la dépression, avec son cortège de symptômes, sinstalle : fatigue, tristesse, sentiment de vide, douleur morale, repli sur soi, absence de désir et de plaisir. Notre époque est prompte à vouloir traiter ces symptômes urgemment, notamment par des moyens chimiques : les médicaments, alors, seront utiles, mais ils ne guériront pas du malaise mal-être de lexistence. Comment évacuer la souffrance psychique qui est au fond de létat déprimé ? Comment retrouver le désir dagir, daimer, de vivre ? La dépression est la maladie du vivant humain. Tout un chacun y sera confronté, à un moment ou à un autre de son existence, avec des formes dapparition et des conséquences diverses. Alors il ny aura pas dautre choix pour le sujet, sauf à sinstaller dans une expérience de « vie morte », un temps « inanimé », que de traverser cette épreuve en lextériorisant par la parole, dans la relation à lautre, pour ranimer un travail de pensée et un désir daction.

Je pense à cet homme de 50 ans qui, sous la menace réelle ou imaginaire ? de perdre sa « situation », professionnelle et sociale, est atteint de divers et fréquents malaises physiques, ne voulant plus sortir de chez lui, parler à personne, trouvant refuge dans le sommeil artificiel grâce aux médicament. Le médecin quil a consulté, après beaucoup de réticences, lui ayant prescrit un antidépresseur avec linjonction dentamer un travail psychothérapique, il vient donc me rencontrer pour exprimer en paroles cette souffrance intérieure qui le tenaille et essayer den comprendre les ressorts, au delà même des circonstances actuelles de son existence. En proie à un sentiment danéantissement et de dévitalisation, il lui faudra, au travers de ces longs moments de retour sur lui-même, par la pensée mise en mots, réanimer son temps intérieur, retrouver une capacité de création psychique personnelle, en revisitant différents moments marquants de sa trajectoire de vie. Retrouver une image de soi, dont on peut se sentir dans ces moments-là dépossédé, est aussi lenjeu de cette rencontre avec un Autre, étranger mais intime dans la relation, pour sortir de cette sensation douloureuse et destructrice d« être en négatif ».

Je pense aussi à ce petit garçon de 6 ans qui, depuis plus dun an, a tellement changé, au dire de son entourage, au point de susciter une réelle inquiétude pour son évolution, depuis la naissance de son petit frère. Victor, à lécole comme à la maison avec ses parents, nest quagitation, colère, brutalité, envers les êtres comme avec les objets. Il veut toujours quon soccupe de lui et en même temps rend la relation insupportable, par ses cris et ses gestes violents. Quand il parvient à rester seul, dans sa chambre, alors là, il sombre dans une tristesse sans nom, pleure, déchire ses livres, casse ses jouets. Pendant de longs mois, quand je le rencontre, il ne sera que plainte, agitation et colère. Enfin, depuis peu, Victor me parle avec un certain plaisir de son petit frère qui commence à parler avec lui, visiblement, et le sollicite, pour essayer de tenir debout et marcher ! Cest avec fierté quil me rapporte que ce petit frère, haï et réprouvé précédemment, linterpelle sans arrêt par son nom, « Tor ! », et lui communique une affection sans bornes. Alors, Victor se sent à nouveau important, il nest plus seul, il shumanise, sa vie est à nouveau dans la relation, le plaisir. Il na plus besoin de sagiter dans tous les sens pour tenter dattirer lattention, ni de la violence pour éprouver des sensations.

Les épisodes dépressifs font très souvent suite à la perte dun être cher, un parent ou un enfant notamment. A travers le vécu dramatique du deuil, cest comme si « lêtre vivant en soi » disparaissait aussi. La vie devient vide, comme gelée, une tristesse froide envahit le sujet. Ne se manifeste plus que la plainte, une lamentation, une revendication dinjustice, aussi, souvent. Ainsi, Nadia, jeune femme dynamique, indépendante, mère dune petite fille dà peine 10 ans, sest-elle effondrée après la mort brutale de son père. La douleur morale est immense. Elle est comme immobilisée, pétrifiée.  Elle ne peut plus sortie de chez elle. Une phobie totale des transports en commun, de la foule, lui interdit de sortir, même pour accompagner sa fille à lécole ou aller faire ses courses dans son quartier. Elle a perdu toute expression humaine, dans les gestes, la voix, la stature. Son corps est comme rétréci, sa pensée immobilisée. « Maman, tu vas pas mourir aussi ?», lui demande sa fille. Cest sa propre mère qui va devoir venir vivre avec elle et sa petite fille, pendant de longues semaines, pour assurer le quotidien, les soins, les tâches, une présence infaillible et vitale.

Peu à peu, le sujet profondément déprimé qui accepte dêtre aidé, médicalement et psychologiquement les deux approches étant indispensables conjointement et socialement par un (ou des) proche(s) va retrouver une liberté de pensée, de parole, des expériences de sensorialité et de motricité, une créativité psychique et relationnelle. Mais pour parvenir à ces possibilités, il lui faudra dans le même temps revisiter tous ses lieux de mémoire personnelle, mettre à lépreuve de la pensée et du souvenir tous les liens qui fondent et structurent son existence, rétablir une continuité dêtre, au delà du vécu des nombreuses ruptures, déceptions et frustrations, réveillées par lexpérience du deuil actuel. La dépression est une maladie humaine du temps. Mais il faut être deux ou davantage pour traverser et sortir de cette expérience. Seule la rencontre avec lAutre les autres dans un temps partagé, une présence corporelle, émotionnelle, dans sa fonction de miroir, permettra un échange dimages, daffects et de paroles qui remettra en marche sa vitalité malmenée pour à nouveau penser, désirer, agir, aimer. On le voit, donc, cest dun travail de transformation et dévolution quil sagit là, qui peut être considéré comme un bienfait de la dépression.

Francis Moreau



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