Le Djedouel, talismanie arabe « Talismanie « Occultisme

Article publié le 18 sept 2010

Par Edmond Doutté

talisman arabe

Lincantation est un rite oral : cest-à-dire que le geste de la magie imitative y est remplacé par son équivalent phonétique ; la seule énonciation du phénomène désiré suffi t à le susciter. Mais cette énonciation au lieu dêtre faite par le geste, par la parole, peut-être exprimée autrement. Elle peut-être écrite et nous avons déjà donné au chapitre précédent de nombreux exemples de lincantation écrite ; elle peut-être aussi exprimée par une image. Ainsi nous verrons plus loin que le mauvais il est écarté par le geste de la main projetée en avant avec les cinq doigts grands ouverts : au lieu de faire ce geste, on pourra le représenter, par exemple sur forme dune main en argent que lon portera suspendue sur soi ; cest le khoms algérien. Nous appelons talismanie rite magique figuré ou écrit : sans doute en un sens plus restreint le talisman est lobjet placé sous certaines influences astrologiques, mais en arabe, au moins dans larabe vulgaire (telsem, rég. tislam), il a le sens plus général que nous lui donnons ici.

Les amulettes appelées encore herz, ou hedjâb, maâdha, ouadah, noufra [ces derniers mots sont de la langue régulière], sont portées, soit dans un but particulier, soit dune façon générale contre tout mauvais sort, mais surtout par les entente, à raison des dangers auxquels on les croit exposés. On en suspend aussi au cou des bestiaux, pour prévenir leurs maladies.

La formule magique est, le plus souvent, écrite sur du papier, mais il est fréquent que les livres de magie prescrivent demployer une autre matière ; la peau de gazelle est souvent recommandée dans ce but.

Les dessins ainsi formés, le plus souvent rectangulaires ou polygonaux, sappellent djedouel, en arabe « tableau ». On les désigne aussi sous le nom de khâtem : nous avons déjà exposé que ce mot veut dire « signe » et, par suite, « dessin magique ». Un herz complet comprend donc : une daoua, souvent une daoua et un qasam, dune part, et de lautre un djedouel.

Le djedouel ne peut que se porter : cest le talisman écrit par excellence et beaucoup de herz ne consistent quen un simple djedouel.

Djedouel

Nous reproduisons ici, à titre dexemple, le djedouel ou khâtem de la daouat ech chems, dont nous avons donné un extrait plus haut (1).

La première ligne renferme les saba khouâtim, cest-à-dire les « sept signes ». Lorigine nous en est inconnue ils sont extrêmement réputés dans la magie musulmane (2). El Boûni les donne encore sous cette forme (il ny en aurait alors que six) :

djedouel 2

Les saba khouâtim renferment des versets de la Toûra (Pentateuque), de lÉvangile et du Coran, au dire dEl Boûni qui sétend longuement sur leurs propriétés merveilleuses : une daoua en vers est en relation avec eux, qui paraît presque identique à celle de la djeldjeloûtiya. Aussi les saba khouâtim sont-ils appelés aussi khouâtim djeldjeloûtiya. Ils servent du reste à confectionner des djedouel spéciaux comme celui que nous reproduisons à la page suivante.

djedouel 3

Lun de ces signes a la forme tantôt dun pentagone étoilé, comme cest le cas dans la figure ci-dessus, plus souvent dun hexagone étoilé.

La première de ces formes est le pentacle (moukhammas), bien connu dans la magie des peuples aryens et sémitiques : quant à la forme hexagonale, elle est célèbre dans le monde juif et musulman sous le nom de khâtem Souleïman, le « sceau de Salomon ». Les musulmans lont certainement emprunté aux Juifs, chez lesquels il joue un rôle très important dans la talismanique. Westermarck y voit lentrelacement de deux yeux triangulaires destinés à écarter le mauvais il, hypothèse ingénieuse, mais qui ne nous paraît pas être jusquici suffisamment étayée.

En tous cas, la légende rapporte les propriétés merveilleuses de lhexagone étoilé (mousaddas) à Salomon, à qui Dieu avait donné lempire sur les génies et les animaux. Salomon portait cette figure gravée sur une bague quil ne quittait que lorsquil y était obligé : alors il la remettait à quelquun de sûr. Une fois il fit faire par un démon une statue pour une de ses concubines quil aimait et qui lui avait demandé le portrait de son père : la statue représentait le père de la jeune fille et celle-ci lui rendait un véritable culte. Pour punir Salomon davoir ainsi introduit une idole dans son palais, Dieu permit quun diable volât par ruse le sceau à Salomon : celui-ci perdit aussitôt son pouvoir ; enfin, après de longues épreuves il retrouva lanneau dans le ventre dun poisson. Les signes gravés sur le sceau de Salomon renfermaient le « grand nom » de Dieu, comme ceux qui étaient gravés sur le cur dAdam, dit El Boûni. Le sceau de Salomon est extrêmement populaire dans toute lAfrique, on le porte en amulette et surtout on le dessine sur les portes des demeures ; beaucoup de personnages ladoptent comme cachet.

Les seba khouâtim ne sont pas les seuls caractères incompréhensibles et mystérieux que lon emploie dans la magie musulmane. Il nous faut encore mentionner comme extrêmement répandus ceux que Schwab a appelé les « caractères à lunettes ». Nous en avons vu un exemple dans lincantation de la khanqadiriya ; en voici de nouveaux daprès El Boûni :

djedouel 4

Dans les textes imprimés (Et Boûni est autogr.), ils sont le plus souvent cette forme (4) :

djedouel 5

Ce sont, disent les auteurs, des signes mystérieux correspondant aux noms divins. Les caractères à lunettes sont venus directement aux musulmans de la magie juive. Schwab pense « quils sont composés, pour la plupart, de plusieurs paires dyeux, pour symboliser la Providence ». Cette interprétation est à rapprocher de lhypothèse de Westermarck, concernant lorigine du sceau de Salomon : lemploi de lil est classique contre le mauvais il. Dautres part. des textes hébreux nous montrent les caractères à lunettes en relations avec les lettres de lalphabet.

Au-dessus des seba khouâtim se trouvent sept lettres de lalphabet : fâ (), djîm (), chin (), thâ (), zâ (), khâ () et zîn (). Ces lettres sont les scouâqit el fâtiha, cest-à-dire les seules lettres de lalphabet arabe qui ne soient pas contenues dans les sept versets de la fâtiha ou première sourate du Coran : elles sont précisément au nombre de sept. Elles sont douées de vertus magiques spéciales longuement étudiées par El Boûni.

Les saouâqit et fâtiha sont en rapport étroits avec sept des quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu, dont nous parlerons dans un instant; ces noms sont ceux qui dans notre djedouel sont inscrits à la troisième ligne : fard, « unique » ; djebbâr, « tout-puissant » ; thâbit, « ferme » ; zahîr, « évident » ; khabîr, « vigilant » et zaki, « pure ». Chacun de ces noms, on le voit, commence par une des saouâqit et fâtiha.

La quatrième ligne du djedouel porte sept noms quà première vue on reconnaît appartenir à langélologie. Il y a du reste des variantes ; Ibn el Hâdjdj les donne ainsi : Roûqiâïl, Djebriâïl, Semsemâïl, Çerfiâïl, Aniâïl Kesâïl. On retrouverait sans doute les prototypes de ces noms dans ceux des anges de la littérature kabbalistique ; ils en sont des reproductions ou des dérivés : Djabriâïl est un doublet de Djebrâïl (Gabriel); Aniâïl est Anael ou Aniel des Juifs ; Rouqiâïl est Raqiâel ; Cerfiâïl peut-être rapproché de Serael ou de Ceroufiel et Kesâïl, ressemble vaguement à Qecefel. Ce ne sont du reste pas des anges proprement dits ; souvent les livres de magie les qualifie de er roûhâniyya es seba, « les sept esprits ». Le nom dange est réservé à des êtres spirituels parmi lesquels quatre sont distingués entre tous et commandent aux autres : Djebrîl ou Djebrâïl (Gabriel), Mîkâïl (Michel), Isrâfîl et Azrâïl. Il y a un très grand nombre damulettes dans lesquelles on voit intervenir ces quatre archanges. Nous allons en donner un exemple dans un instant.

La cinquième ligne contient les noms des sept rois des génies : Moudhhib, qui signifie « doreur », Merra, Ahmar qui signifie « rouge », Borqân qui signifie « illumination de léclair », Chemhoûrech, Abiod qui signifie « blanc », Mîmoûn. Au rebours des noms qui précèdent, ceux-ci sont arabes, sauf peut-être Chemboûrech dont lorigine nous est inconnue. Les noms des « sept rois » jouent comme nous lavons déjà vu, un rôle très important dans la magie musulmane.

Enfin la sixième et la septième ligne de notre talisman contiennent lune les noms des sept jours de la semaine, et lautre les noms des sept planètes : Chems, « soleil » ; Qamar, « lune » ; Mirrikh, « Mars » ; Outârid, « Mercure » ; Mouchtari, « Jupiter » ; Zohra, « Vénus » ; Zouhal, « Saturne », suivant leur relations classiques avec les jours de la semaine.

Lidée dominante de ce djedouel est quil exista des correspondances précises entre ces divers éléments : seba khouâlim, saouâqit el fâtiha, attributs divins, anges et démons, jours de la semaine et planètes. Par exemple les saouâqit et fâtiha sont expressément rapportées par El Boûni à ces jours de la semaine et à une planète ; bien mieux, chaque lettre est en rapport avec un djedouel spécial qui sert pour les opérations magiques de chaque jour de la semaine. Par exemple le appartient au jeudi et se rapporte à Jupiter. Son djedouel spécial est :

djedouel 6

Ce djedouel contient sept fois les sept saouâqit ; on a remarqué aussi que le précédent djedouel contenait sept colonnes dans chaque sens ; il est clair que cette recherche du nombre sept est intentionnel : ce nombre possède à un haut degré le caractère magique.

Les correspondances que nous avons signalées entre les différente éléments du djedouel des saba khouâtim sont un exemple de lemploi des relations mystérieuses, fondées sur des vagues analogies, dont la magie, lorsquelle se complique, fait un si grand abus. Elle cherche alors à se développer en science ; ces correspondances occultes quelle tente détablir, ce sont en somme des lois ; seul labus du raisonnement analogique et de linduction purement imaginative lempêche daboutir demblée à la science véritable. Cest en ce sens que lon peut dire avec Frazer que la magie est une science fausse : mais cela nest vrai que dune période postérieure de la magie, celle dans laquelle elle cherche à se préciser en établissant des rapports constants, cest-à-dire des lois. Si elle nest alors quune science fausse, elle est cependant sur le chemin de la science vraie et nous croyons que notre science en est sortie : au surplus quelle science peut se targuer dêtre entièrement vraie ?

En somme une des raisons dêtre du djedouel, cest dexposer graphiquement et par conséquent avec clarté, ces correspondances occultes et de permettre duser concurremment de linfluence déléments hétérogènes. Le magicien associe à son uvre la nature entière ; pour lui lunivers est continu et cest toujours pour nous un sujet de surprise de voir que les primitifs ont été familiarisés avec cette notion de léquilibre et de la continuité de lunivers que les savants modernes nous présentent parfois comme une vue neuve.

Edmond Doutté. EXTRAIT DU CHAPITRE IV (pages 144 et suivantes) DE LA MAGIE & RELIGION DANS LAFRIQUE DU NORD, ALGER, TYPOGRAPHIE ADOLPHE JOURDAN, 1909.

Notes :

(1) Ce djedouel est figuré dans Ibn el Hâdjdj ; il est très connu, on le retrouve, ou a peu près, annexé à la djeldjeloûtiya.

(2) Voir une représentation peu fidèle dans Tuchmann, in Mélusine, IX, p. 128.

(3) El Boûni, p. 82.

(4) Ibn el Hâdjdj, p. 92, 96.

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